Mythologie
Casque celte d'apparat en fer, bronze, or, argent et corail.
IVe siècle av.J.C. Découvert à Agris, en Charente
celtique, mythologie, ensemble des légendes et des mythes des Celtes, dont la civilisation s'est étendue sur l'Europe continentale et sur les îles Britanniques du Xe au IIIe siècle av. J.-C.
À
l'instar des traditions mythologiques des autres peuples
indo-européens, la tradition celtique s'incarne dans des divinités
liées, à l'origine, aux phénomènes célestes et météorologiques et
reprend des thèmes universels, tels que les combats entre divinités et
les entreprises héroïques ou les mythes cosmogoniques et apocalyptiques.
La
mythologie des anciens peuples celtes n'ayant jamais fait l'objet d'une
tradition écrite, son étude s'est d'abord inscrite dans l'analyse des
œuvres médiévales irlandaises et galloises d'inspiration celtique et
renfermant des traces de mythes plus anciens.
Si elle a connu un développement important à partir du XIXe siècle,
cette recherche est néanmoins restée confinée — jusqu'à récemment —
dans l'analyse des faits historiques. La curiosité populaire à l'égard
de la mythologie celtique a alors été satisfaite par les données
déduites des pièces matérielles, réunies aux études philologiques.
Mais, réalisé sans analyse critique, cet assemblage a abouti à une
vision erronée de la mythologie celtique.
Ce n'est que récemment qu'est né un intérêt véritablement scientifique pour cette discipline, sous la forme d'une étude des mécanismes culturels opérant dans les œuvres des anciens auteurs chrétiens, soucieux d'encadrer et d'absorber le matériel mythologique païen à l'intérieur du système chrétien. Loin de préserver la tradition antérieure, la littérature celtique du Moyen Âge provoque au contraire sa distorsion ; cette déformation ne résulte pas tant d'une action de propagande ou apologétique que du mélange de fragments et de variantes provenant de lieux divers et remontant à des époques lointaines, principalement à l'âge du Fer.
Les vestiges de dolmens et de menhirs (comme sur le site préhistorique de Stonehenge) appartiennent à une mythologie antérieure à celle des Celtes. Même si les druides utilisent ces stèles pour leurs rituels, il n'en demeure pas moins que ces dernières semblent appartenir à une religion antérieure.
Polythéistes,
les Gaulois vénèrent de fait une multitude de divinités régionales.
Cette religion naturiste permet le culte des eaux : fleuves, sources et
fontaines sont adorées, comme en témoigne le culte de la déesse majeure
Épona, représentée en compagnie de chevaux. Les animaux (le plus
répandu est le taureau, symbole de puissance) et les arbres sont
également vénérés ; l'auteur latin Pline l'Ancien, dans son Histoire naturelle, rapporte que « c'est dans les bois que les druides ont leurs sanctuaires ».
Concernant les premiers temps de la civilisation celtique en Europe, d'autres textes s'inscrivent dans la tradition inaugurée par le Livre des conquêtes ; c'est notamment le cas du Rêve d'Oengus, du Dindshenchus, du Cóir Anmann ou du Trioedd Ynys Pryden gallois, qui rassemblent des thèmes historiques et des sujets plus strictement mythologiques, comme la généalogie des divinités ou les mythes des origines relatives à des lieux, des noms et des institutions.
Un féroce dragon sévit dans
le poème épique anglo-saxon « Beowulf » (VIIIe
siècle). Le dragon crache du feu et possède des ailes lui permettant
de voler dans la nuit. La mort du roi danois Beowulf, empoisonné par
le souffle venimeux, fait écho à celle de Thor
qui, à la dernière bataille du Ragnarok, tua le Serpent du Monde mais
succomba ensuite à son venin.
Les guerriers celtes qui envahirent l'Angleterre choisirent, pour leur part, le dragon comme emblème héraldique, symbole de souveraineté. Le dragon figura sur les boucliers des tribus teutoniques qui envahirent tour à tour l'Angleterre et, jusqu'au XVIe siècle, sur les pavillons de guerre des rois d'Angleterre ainsi que sur les armoiries traditionnellement portées par le prince de Galles.
Le dragon rouge est l'emblème
du Pays de Galles. Le « Mabinogi de Lludd et Llewelys » raconte la lutte
du dragon rouge et du dragon blanc, ce
dernier symbolisant les Saxons envahisseurs.
Finalement les deux dragons,
ivres d'hydromel, sont enterrés au centre de l'île de Bretagne, à
Oxford, dans un coffre de pierre. L'île ne devrait subir aucune invasion
tant qu'ils n'auront pas été découverts. Le dragon enfermé est le
symbole des forces cachées et contenues : les deux faces d'un être
voilé. Le dragon blanc porte les couleurs livides de la mort, le dragon
rouge celles de la colère et de la violence. Les deux dragons enterrés
ensemble signifient la fusion de leur destin. La colère est tombée,
mais les dragons pourraient resurgir ensemble. Ils demeurent comme une
menace, une puissance virtuelle, prompte à se lancer contre tout nouvel
envahisseur.
Les Scandinaves ornaient la proue de leurs drakkars (nom dérivé de « dragon ») de sculptures reproduisant les traits du monstre.
Un récit scandinave raconte que le dragon Fafnir est tué par le jeune héros Sigurdr le Vôlsungr. Sigmundr, père de Sigurdr, était l'un des plus valeureux héros d'Odin (en fait, il pourrait bien être le tueur du dragon, le nom de Sigurdr n'étant pas mentionné dans les sources anciennes). Ce même récit réapparaît plus tard dans la tradition germanique avec Siegfried pour héros.
La geste de Sigurd est le plus
ancien texte épique de la poésie nordique. Ses racines historiques
sont établies : le prototype de Sigurd fut le roi mérovingien
Sigebert qui avait pour épouse Brunehaut, modèle probable de la Brunehilde
de l'épopée. L’œuvre sous sa forme la plus ancienne fut écrite
au Xème siècle et reprise par la suite, à partir du XIIème, en Scandinavie
et en Germanie.
Dans les contes serbes et russes, le dragon est « le Serpent flamboyant ». II a des liens avec le feu, l'eau et les montagnes, c'est-à-dire avec les frontières de l'Autre Monde.
MUIRDRIS