UN CLOU DANS LES ETOILES

Sorcières et Pain d'Epices



Aimez vous le pain d'épice ???

Ou le conte immoral ??????


 Nous allons essayer de rêver sur une seule page. Le rédacteur en chef l'a dit : une seule page. Quelle gageure. Enfin tentons.
S'il arrive immanquablement qu'un jour, l'enfant commence à ne plus " croire au Père Noël ", il n'en fut pas toujours ainsi. Pas plus tard que deux ou trois cent ans avant nous, la conscience des adultes était très fortement influencée par les mythes et les récits fantastiques. Il nous en reste les Contes de ma mère l'Oye, ceux de Grimm.
Il était une fois un petit garçon qui croyait ferme aux légendes, mais qui était curieux de tout savoir et de tout vérifier. Il était aussi très obstiné. Ce petit garçon est né dans la Cité du Golem, à Prague en 1919, le 21 Mai. Il fut nommé Georges, Georges Osseg. Il devint professeur à Aschaffburg en Bavière, région du Spessart dans laquelle les frères Grimm commirent leurs contes.
Or un jour, vers ses onze ans, alors qu'il commençait à franchir ce seuil entre le merveilleux de l'enfance et le réalisme de l'adulte moderne, il voulu vérifier " La Bouillie " selon un conte qu'il avait lu. Il était chez ses grands-parents qui lui avaient offert justement Les Fables du Foyer des frères Grimm. " ...de la porte de la blanchisserie, sortait en grande volute une dense fumée acide, jaunâtre, à travers laquelle, avec peine ils entrevoyaient la silhouette de l'enfant qui s'agitait ça et là ". Georges voulait vérifier la fable de cette bouillie qui n'en finissait pas de grandir.
Il en fut comme cela durant sa vie, et, quand pendant la guerre il se trouva dans le Spessart, après avoir lu et compris la foi de Schliemann, il entreprit des investigations sur le terrain même. Aussi ne doit on pas s'étonner si plus tard, lorsqu'il revint en 1962 dans cette même région, il se remit à la recherche de la maison de la sorcière, celle-la même qui dans Hansel und Gretel, paru aux enfants : décrépie, appuyée sur ses béquilles, les yeux rouges et la vue basse. De quoi épouvanter un bon chrétien. Pourquoi chercher dans cette région la vérité sur Hansel et sa soeur. Les auteurs, même dans leur volonté d'occulter la vérité sur les personnages et pour conserver une certaine éthique, ne purent pas entièrement falsifier les faits. C'est ainsi que nous savons que l'histoire se passe dans une forêt, que les sépultures en usage dans cette contrée se faisaient au moyen d'un cercueil. Puis, quand ils décidèrent de perdre les enfants, ils prirent la direction Est Ouest : "idiot dit la femme, ce n'est pas ton chat, c'est le soleil levant qui luit sur la cheminée. " Mais là où surgit le merveilleux, ce n'est plus dans la manière dont Hansel marque son chemin à l'aide de petits cailloux, mais dans celui qu'Osseg découvre que Hansel et Gretel étaient des adultes. En effet, Osseg avait une des premières éditions de 1818 sur laquelle figurait une estampe représentant un chemin dans une forêt. Or un jour il retrouva ce chemin. Aussi en allant vers l'est il devait trouver d'où étaient parti le groupe, et, vers l'ouest, il devait découvrir la maison de la sorcière. Vers l'est, la construction de l'autoroute avait mis fin à une bâtisse genre grange. Il supputa que c'était le point de départ. Or en allant vers l'ouest à l'aide d'un enfant qui jetait des cailloux comme dans le conte, il n'arriva pas à la clairière où, seul endroit possible dans une forêt, les parents eurent pu faire du feu. Intermezzo. Mais monsieur l'écrivailleur, voila déjà une page de faite, il est temps de conclure. Mais Monseigneur, vous n'allez pas laisser nos lecteurs dans l'expectative. Ils voudront connaître la suite car s'ils sont parvenus à ce point c'est qu'ils ne font pas foin de mon récit. C'est bien pour montrer que j'avais vu que la page était hélas terminée. Mais poursuivons tout de même. Il n'y a plus de limites quand les bornes sont franchies. Par contre en refaisant le même chemin, en jetant lui-même les pierres, à la dernière, la forêt s'ouvrit et il se trouva dans une clairière. Malgré les difficultés qui suivirent, tout se déroula ensuite rapidement.

Les enfants entendaient des coups de cognée " ...c'était une grosse branche qu'il [le père] avait attachée de telle sorte que le vent la fît battre çà et là. " Aussi Osseg retrouva l'arbre, la trace de la corde à 25 mètres de hauteur. Il acheta l'arbre, un chêne, et fit analyser, et la corde, et le bois. Les résultats furent probants. La corde, au test du carbone 14 montrait 315 ans, et les anneaux du bois 355 ans. Ce qui fait que la corde a été fixée en 1647*. Date à retenir pour plus loin. Le drame eut lieu pendant la guerre de Trente ans. Osseg n'était pas au bout de ses peines, pas " d'oiseau blanc comme neige " pour lui indiquer le chemin. Par contre dans le texte, quand les enfants furent chez la sorcière, Gretel " suçait des carapaces d'écrevisse ". Donc il y avait un cours d'eau dans le coin. C'est l'Aschaff qui traverse le bois de la sorcière. Alors, la maison devait se trouver prés d'un point d'eau, une source, un ruisseau, un puits. Or toujours dans son édition de Dorfeldt, une image montre une petite maison, une margelle de puits et sur la droite quatre fours. Sa théorie était bonne et il se mit au travail. Après deux mois de recherches, à 2,5 m sous terre, il mit à jour les fondations. Cinq jours plus tard il retrouvait les fours et, avec quelques ustensiles de pâtissiers, il trouva un squelette, puis dans une cassette en fer, quelques morceaux de galettes noircis, quelques moules de différents modèles et une recette manuscrite. Quels trésors. Après analyse faite à l'université de Leyde le squelette était celui d'une femme de 35 ans, de 1,67 m. Elle était morte avant d'avoir été jetée au four et brûlée partiellement, le four n'étant pas construit pour cet usage. Elle n'avait rien d'une sorcière mais ,dit le professeur Verneuler, " était de type dinorique " et avait une figure harmonieuse. Mais la trouvaille la plus extraordinaire, et, ce fut là le mobile de l'affaire, fut la recette manuscrite. Le soir même Osseg se rendit à Erbenheim à l'institut, confectionner une galette selon la recette et fit faire l'analyse de son travail et des restes de galettes noircies : résultats identiques. Cette recette, vielle de trois cent ans, correspondait à une galette de pain d'épice de Nuremberg qui se confectionne encore dans quelques officines de la ville, et le secret de la recette, consistait à utiliser du carbonate d'ammoniaque qui, tout en servant de levure, conférait à la galette un goût particulier. Donc tout au contraire des Grimm, nous trouvons deux coquins, Hansel et Gretel assassinant une eune et belle femme pour la voler sans succès.
Oui mais, des preuves, on demande des preuves.
Si la cannibalisation a existé dans ces régions -une vingtaine de cas cités dans les archives pénales- aucune femme n'a été impliquée. La preuve, les Grimm la donneront par négligence :
Knuper, knuper, kneischen Ronge, ronge, grignote wer knupert an meinem Häuschen qui me mordille ma maison. (Heischen)

Ce texte est le pur idiome des habitants du Harz qui se parle autour de Wernigerode. Et c'est là, à Wernigerode que Georges Osseg trouva l'aboutissement de ses recherches. A la bibliothèque des Archives Communales , dans un livre, celui des Prophètes, de Isaï à Daniel, était collées deux pages sur lesquelles on lisait, en manuscrit, l'interrogatoire que subit à Gelnhausen le 15 juillet 1647 une certaine Khatarina Schraderin alias " la sorcière pâtissière ".(die Bakkerhexe). C'est dans ce manuscrit que les Grimm prirent l'idée de la maison commestible. En effet le juge l'accusa d'attirer les hommes dans les bois. Pour ce faire, elle avait recouvert le toit de sa maison à l'aide de patisseries, et sa fenêtre de sucreries. A quoi elle répliqua que " la première pluie aurait tout éliminé et que chacun sait combien le Spessart est pluvieux. Elle subit la première question, à savoir application des tenailles aux poignets, et comme elle n'avoua toujours rien, elle fut relâchée. Elle avait été dénoncée comme sorcière par Hans Metzler dont la soeur s'appelait Gretel, âgés de 37 et 34 ans. Hans était pâtissier à Nuremberg où Khatarina, née en 1618 vendait sur le marché ses confections très goûtées par les gens de l'époque. Hans déclara sa flamme auprès de Khatarina, mais celle-ci comprit que la dote aurait été la recette. Aussi un jour s'enfuit-elle pour s'installer dans la forêt où elle finit par trouver la mort.
Hans et Gretel furent traînés en justice après l'assassinat, mais ils furent contre l'évidence même acquittés tous les deux. Et l'on retrouva Hans à Nuremberg poursuivant ses activités. Il mourut en 1660 estimé de tous après avoir été conseiller municipal deux ans avant. Conte moral ? Partis d'un fait divers, les frères Grimm, trouvant cet événement trop violent pour leur genre de travail, l'on transformé. Seulement cette transformation était-elle plus honnête que l'histoire elle-même ? Et pourtant, qui, enfant ne s'est pas réjoui au bruit de la porte du four refermée par Gretel, sachant que l'horrible sorcière était dedans qui brûlait. J'en entends encore le crépitement de la combustion, en toute quiétude. Mais cela restera toujours une contre vérité : flatter certains penchants pas toujours avouables, pour justifier un acte.






10/05/2008
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